Retranscription d’une audition de Compte-Rendu d’Incident (CRI) du 26 avril 2016

Le vendredi 15, alors que j’étais en prévention au QD [Quartier Disciplinaire], j’ai eu une CDD [commission disciplinaire ] parce que la surveillante m’avait interdit l’accès à l’activité BD le 13 à 16h, puis avait dit à son collègue du socio de faire monter la pression par l’usage du mépris à 16h45.

Ce prétoire s’est bien passé. La présidente avait donné son accord explicite pour qu’il y ait, conformément aux recommandations de la DAP [direction de l’admnistration pénitentiaire], 2 promenades par jour au QD [quartier disciplinaire]. Elle ne m’avait pas déclassée [privée] de l’activité à titre disciplinaire et m’avait dit que je pourrais aller à la BD dès le mardi 19 à 9h «  si les intervenants estimaient que le retard pouvait être comblé ». Le soir-même, je lui ai fait un courrier positif sur ces prises de position et disant que j’espérais que ce prétoire serait le point de départ d’une détention sans mépris.

Mais dès le lendemain, et jusqu’à la fin de la sanction, il n’y a eu plus qu’une promenade quotidienne. Mais surtout, le 18 après-midi, j’ai appris que je ne pourrais pas aller à la BD. J’ai aussitôt fait un mot aux intervenants pour leur expliquer la situation et leur demander de prendre une position claire. Le lendemain, j’ai demandé calmement à parler à l’officier QF avant 9h. Mais il a campé sur sa position injuste et contre-productive, me parlant d’un mail de l’institutrice et de la « peur » de mes co-stagiaires. Cette attitude, que j’ai subi à Epinal, est ignoble. En effet, je n’ai jamais mal parlé à ces personnes !

J’ai demandé à la surveillante activités si mon mot avait été remis aux intervenants et elle m’a dit l’avoir donné à l’institutrice. J’ai alors essayé de faire passer un message par L (qui elle non plus n’était pas allée au stage lundi matin pour cause de travail aux ateliers), mais la surveillante l’a aussitôt menacée. J’ai fait un mot à la direction par la borne. J’ai encore essayé de rentrer en contact avec les intervenants le mardi après-midi (à l’occasion de la messe en socio) et le mercredi (de passage vers l’UCSA [médical]). A chaque fois j’étais calme mais je me heurtais à votre mépris. J’ai pris sur moi et laissé courir en me laissant à nouveau prendre au piège de votre discours d’apaisement, en pensant à mes parents et en espérant pouvoir aller à la formation horticulture cet été.

Aujourd’hui, je suis descendue en promenade à 14h. J’ai bien dit au bricard [gradé] qui était là que j’aurais RDV avec le RLE à 14h30 et que ça ne devait pas m’empêcher de sortir, il n’a pas réfuté. J’ai donc vu le responsable RLE dans l’aile socio du lot C à 14h30. Je ne suis pas arrivée à rester calme car il se moquait de moi. Ainsi, alors que j’avais demandé des renseignements sur l’activité journal il y a un mois et que j’avais eu une réponse disant que ça commençait le 4 mai, il m’a dit seulement maintenant que l’AP faisait la censure et que les textes interdits n’étaient même pas laissés en blanc. Il ne m’a pas apporté d’informations sur les cours pour lesquels j’avais fait un mot il y a un mois, mais me parlait du DAEU dont je n’ai rien à faire. Il m’a aussi parlé d’Auxilia alors que je travaille avec cette association depuis 3 ans et en connais mieux le fonctionnement que lui. Après ce préambule irritant, il voulait parler de ma dernière expérience avortée avec le RIE. J’espérais enfin avoir des réponses à mes courriers et pouvoir avoir une discussion franche. Mais tout ce qu’il voulait c’était faire une leçon de morale comme si je rentrais au CP [centre pénitentiaire], énonçant des règles idiotes (« ne vous énervez pas, faites des mots, ayez confiance en la surveillante activités »). Or, comme je viens de l’expliquer, des mots, j’en avais fait plein et aucun n’a abouti ! Il était au courant que j’avais bien travaillé le mardi 12, mais pas au courant du mot remis le 19 à sa collègue, ni de la délation de celle-ci. Mon énervement est monté en flèche et j’ai crié. Mais à aucun moment je ne l’ai menacé ou ai eu de gestes brusques. Mais 2 surveillantes et un bricard sont arrivés en courant. J’ai fini ce que j’avais à lui dire, lui montrant, en me mettant à plat ventre sur le sol, mains jointes dans le dos, ce qui se passait s’il laissait faire des paranoïaques violents en uniformes. Puis je suis sortie de la salle pour retourner prendre l’air en promenade et me calmer.

Mais avant même d’être arrivée à la grille du sas avec le portique détecteur de métaux, le bricard m’a interdit la promenade dont j’avais besoin. C’était mon créneau et je l’en avais averti au préalable. Il voulait m’enfermer en cellule au C1, ce qui aurait été nocif. Je lui ai dit, j’ai même ajouté « aie un peu de respect pour mes voisines ! ». Mais il voulait faire preuve d’autoritarisme. Je lui ai alors dit que je voulais bien aller à la promenade QD (où j’aurais été seule durant 45 min pour me calmer avant de remonter cuisiner le goûter prévu à l’aile gauche). Il m’a dit que je faisais un blocage, ce qui était totalement faux : je voulais juste prendre l’air. Puis il m’a dit de me mettre face au mur pour qu’il me menotte. J’ai refusé, économisant mes épaules qu’il avait abîmées sans raison le 12. En effet, l’usage des menottes est illégal : je ne pouvais pas m’évader et ne menaçais personne ! Au final, il m’a saisie par le bras et je me suis laissée faire (en contradiction avec mes engagements) pour le mener au QD. Là, il m’a lâchée devant la cellule où je suis rentrée. Comme le 12, il a ordonné une fouille à nu illégale (j’en avais parlé au prétoire du 15). Les surveillantes ont calmé le jeu en acceptant que je prenne une douche dont j’avais besoin pour me calmer et dont elles avaient besoin pour que je me déshabille.

Je demande l’assistance de [mon avocat] pour la CDDD ou d’un commis d’office s’il n’est pas disponible.

Je demande que soit ajouté au dossier le mot que j’avais fait à la direction le 15 au soir, celui aux intervenants fait le 18 au soir, celui fait à la direction via la borne le 17 au matin, celui volé à L le 19 à 14h, l’inscription à l’école faite le 26/03 et l’attestation d’inscription à la BD ainsi que la décision de la CDD du 15 ne portant pas annulation de cette activité.

Ribailly le 26/04 à 17h30

PS : Alors qu’il me tenait, le bricard a dit « Vous n’êtes pas adaptée à la vie en CD », je suis bien d’accord : je suis bergère, pas taularde !