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POITIERS – Procès de Christine (15/03/16)

Mardi 15 mars dès 12h au Tribunal de Poitiers
Venez manifester votre solidarité et votre soutien à Christine
qui résiste en prison contre l’arbitraire et pour la liberté

« […] il arrive que des condamnés commettent le crime de parler… »
A.M. Jacob

L. Jacqua - la boîte à sardines

Suite à un mouvement collectif des détenues du centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, Christine Ribailly devait comparaître mardi 6 octobre 2015 au tribunal de Poitiers pour « violences », « outrages », « menaces » envers divers membres de l’Administration pénitentiaire. Une quarantaine de personnes étaient venues la soutenir et témoigner leur solidarité aux résistances individuelles et collectives face à l’incarcération et la violence des matons. Mais l’audience n’avait pu avoir lieu.

En effet, à la lecture faite par la juge de la longue liste de faits qui lui sont reprochés, l’avocat de Christine avait observé que la copie qui lui avait été envoyée était incomplète et faisait état de 6 faits au lieu des 11 cités par la juge. L’audience fut donc renvoyée au 15 mars 2016. Il apparaît d’ores et déjà que les multiples plaintes rapportées par les membres de l’AP se sont ajoutées les unes après les autres à un dossier qui promettait aux accusateurs quelques recettes pour arrondir leurs fins de mois sur le dos de l’accusée. Chacun y est allé de sa petite plainte, toutes aussi ridicules les unes que les autres.

Double peine pour de nombreux prisonniers, les mois d’emprisonnement suite à ce genre de plaintes s’ajoutent à des sanctions disciplinaires déjà prononcées, et ne cessent de gonfler les durées d’incarcération dans la plus totale impunité des matons.


Nous nous retrouverons donc aux côtés de Christine le 15 mars 2016 au tribunal de Poitiers.

Isolement, éloignement familial, transferts disciplinaires, fouilles à nu, violences, quartiers disciplinaires, humiliations… Pour les près de 70 000 prisonniers en France, chaque journée passée en prison est un défi face à l’Administration Pénitentiaire (AP). Forte d’une multitude d’outils et de dispositifs tant violents qu’insidieux, l’AP encadre l’atomisation des prisonniers et orchestre la répression de leurs résistances. Pour n’en citer que quelques exemples :

  • casques, boucliers, équipes d’intervention anti-émeute (ERIS)
  • sédatifs et anti-anxiolytiques
  • chantages à la possibilité d’avoir accès à des remises de peines, activités, parloirs, UVF (Unité de Vie Familiale), … qui deviennent des faveurs à quémander à l’AP,
  • organisation de l’espace qui vise l’atomisation des détenus (cellules d’isolement, quartier disciplinaire, segmentation par de nombreuses grilles d’accès, TV/douche/repas en cellule et donc seuls…)

Aspirateur social, prison de la misère, machine à broyer, entreprise de déshumanisation, les mots n’ont jamais manqué pour désigner la prison, la taule. Des paroles de prisonniers aux enquêtes de l’Observatoire International des Prisons en passant par les témoignages des familles et proches de détenus, les conclusions sont les mêmes : la prison détruit l’être social.

Résister en prison, c’est y survivre, c’est exister.

Au centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, les détenues du quartier femmes rédigent une plate-forme de revendications collectives (voir au dos) où elles expriment leurs frustrations et aspirations immédiates dans le cadre de leur détention. L’Administration pénitentiaire de Vivonne ne tarde pas à réprimer cette tentative d’expression collective: commissions de discipline, mitard, confinement pour de nombreuses détenues et plaintes de surveillants contre Christine qui doit comparaître pour outrage, violence et rébellion. Malgré cela, l’Administration pénitentiaire n’aura pas réussi à briser la solidarité entre les détenues. Plusieurs d’entre elles ont décidé d’apporter leurs témoignages pour soutenir Christine lors de son procès le 15 mars au Tribunal de Poitiers.
Ces témoignages sont à lire ici

Face aux institutions, ne pas se laisser piétiner et tabasser est trop souvent synonyme d’ « outrage, violence, menace »

En prison, en plus de l’insupportable privation de liberté, les situations de confrontation et d’humiliation sont le lot quotidien des prisonniers face aux agents de l’administration pénitentiaire et leurs supérieurs : refus de promenade, de séances de sport, fouilles diverses et multiples, problèmes de courrier ou remarque déplacée, palpations, annulations de parloir… D’autant plus que « les matons disent qu’ils ne font que respecter la loi. […] Mais c’est rarement le cas. »

Alors à chaque manquement à ses droits ou provocation, que Christine soit elle-même concernée ou que l’une de ses codétenues soit visée, elle réagit avec la même ardeur et, en retour, essuie des sanctions. Christine a ainsi passé la moitié de ces trois dernières années en quartier disciplinaire ou à l’isolement, et subi treize transferts d’établissement. Certaines confrontations mènent à des insultes ou affrontements physiques… A plusieurs reprises, Christine a porté plainte contre des surveillants : ses plaintes n’ont jamais été retenues. À plusieurs reprises, des surveillants ont porté plainte : ils y ont gagné du fric et de nouvelles peines pour Christine. En deux ans d’emprisonnement, Christine a ainsi accumulé plus d’une année d’incarcération supplémentaire à sa peine initiale (elle-même le fruit d’« outrages, violences et rébellions »).

Sans notre soutien, les prisonniers et leurs combats face à l’Administration pénitentiaire sont écrasés dans le silence.

LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE [Décembre 2014]

Comme ailleurs, nous voulons :
– Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
– La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
– Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
– La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
– La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
– La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
– Les repas appétissants : marre de manger du plastique !

Localement, nous demandons :
– Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…
– L’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
– La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
– La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
– L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
– Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier » et « fitness », 2h par semaine
– L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
– La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes
(Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation)

« Nous avons donc affiché la liste de revendications le jeudi 13 sur le tableau des notes de services. A notre surprise, la feuille manuscrite y est restée quatre jours ! Mais nous n’avons eu aucun retour. Je l’ai donc expédiée à la direction qui n’a pas fait plus de commentaires. Alors nous avons fait une lettre, extrêmement polie, pour demander l’ouverture d’une salle aux mêmes heures que les promenades. Elle a été signée par toutes les filles de la MAF. Quand elle a été remise à la chef, j’étais déjà au mitard [NDLR : sanctionnée pour un refus de fouille à nu].

J’ai appris que le chef de bâtiment avait convoqué toutes les filles une par une dans son bureau pour leur faire peur en disant que les revendications collectives étaient interdites. Bien sûr, ils n’ont pas osé mentir ainsi aux Basques et à moi. En effet, ce qui est passible d’un CRI (compte-rendu d’incident), c’est « une action collective mettant en danger la sûreté de l’établissement », ce qui n’est pas notre cas. Au contraire, la loi de 2009 incite l’AP à consulter les détenus sur les activités qui leur sont proposées. Il en a profité pour leur dire aussi que c’était interdit de me saluer en criant (et comment peut-on faire autrement avec le béton qui nous sépare ?). Donc depuis quinze jours, seules les Basques me parlent. Bref, c’est l’attitude classique de l’AP… »
Christine, 11/12/2014, MAF de Vivonne

Voir le site du journal anti-carcéral (envoyé gratuitement aux prisonniers sur demande) : http://lenvolee.net/

Pour des lettres, infos et nouvelles de Christine : https://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

 

Évry – Compte rendu du procès (du 17/11/15)

Mardi 17 novembre Christine Ribailly était jugée par le tribunal correctionnel d’Évry. Lire ici sur l’origine de ce procès.

Elle était poursuivie suites aux plaintes de pas moins de neuf matons de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis pour violence et rébellion , dont 4 se sont portés partie civile.

Christine a ré-expliqué dans quel cadre se sont passés ces faits : Comme dans les taules précédentes, arrivée à Fleuy elle refuse le fichage qu’impose la carte de circulation mais aussi les fouilles à nu systématiques et abusives lorsqu’elle est placée au mitard. Alors que ces refus sont passibles de sanctions disciplinaires suffisamment lourdes (mitard, isolement, transferts, suppression de remises de peines,…), ils ne relèvent pas du délit pénal. Mais l’Administration Pénitentiaire veut tout de même la contraindre par la force et cela se transforme en scène d’humiliation et de violence de la part des matons, puis à la finale, en plainte contre Christine qui leur résiste.

En effet, comme l’insinuera l’avocate des matons dans toute sa plaidoirie, une personne dépositaire de l’autorité publique ne peut pas être en tort et ne peut pas mentir. Donc pour les matons, l’Administration Pénitentiaire, et l’État par la voix du parquet, dans cette affaire, c’est bien évidement de la part de Christine que viennent ces violences et humiliations et ce sont les matons, en surnombres, armés, casqués et protégés par toutes leur chaîne hiérarchique qui en sont les pauvres victimes.

L’avocat de Christine, en plaidant la relaxe, a rappelé que loin d’une description idyllique du milieu carcéral dépeint par la défense des matons, « la prison est loin d’être le monde des bisounours ». Car ceux qui y ont le monopole de la violence c’est bien les surveillants pénitentiaires grâce à tous les dispositifs qu’offre leur administration pour mater les taulards. Pour illustrer cette violence, il a montré la photo de Christine avec le visage écrasé sous les mains de quatre matons, sur sa carte de circulation faite à Fleury. Il a aussi dénoncé l’inversion du rapport d’humiliation et de violence, quand c’est Christine qui se retrouve plaquée au sol sous une douzaine de matons casqués, bras et jambes écartés pendant que tout ses vêtements sont littéralement arrachés pour lui imposer une fouille à nu. Mais aussi l’hypocrisie de la justice qui enregistre neuf plaintes de surveillants immédiatement après les faits et n’a toujours pas donner suite, plus d’un an et demi après, à la plainte déposée par Christine pour toutes ces violences. Il a également rappelé que ce que nomme la justice comme violence et rébellion de la part de Christine n’est que son refus aux abus pouvoirs de l’administration pénitentiaire qui s’impose par la violence en justifiant des mesures de sécurité. Il a enfin affirmé qu’on devrait « être rassuré lorsque que des personnes ne s’adaptent pas à la prison ». Car s’adapter à la prison c’est ne plus exister.

L’avocate des matons, qui s’était portée partie civile pour quatre d’entre eux, a demandé pour chacun 1000€ de dommages et intérêts, plus 200€ de dédommagement de frais de justice.

La procureur a requis 12 mois fermes et 1700€ de dommages et intérêts au bénéfice de l’administration pénitentiaire.

Le tribunal a renvoyé le délibéré au 8 décembre 2015.

ÉVRY – Christine en procès le 17 novembre

Les chiens de garde de Fleury-Mérogis en remettent une couche.

(report de l’audience du 29 juin)

 

Incarcérée depuis novembre 2012, Christine purge plusieurs peines écopées ces dernières années suite à de multiples insoumissions à l’autorité de différentes institutions (flics, Administration Pénitentiaire, institution psychiatrique,..). Tous ceux qui, quotidiennement, ont pour rôle de réguler et réprimer nos vies, d’assurer le contrôle social. À l’intérieur, Christine ne faiblit pas et continue de résister. Régulièrement en conflit avec l’Administration Pénitentiaire (AP) et son personnel, elle se bouge contre ce qu’elle ne supporte pas : par exemple le fichage à l’entrée en détention, et les fouilles et palpations corporelles répétées. En réponse, l’AP et la justice ne manquent pas de moyens pour, chaque jour, tenter de la broyer un peu plus.

Mardi 17 novembre, à 9h, Christine sera jugée par le tribunal d’Évry pour quatre chefs d’inculpation de violences sur cinq matons de la Maison d’Arrêt des Femmes (MAF) de Fleury Mérogis. Il s’agit du report d’un procès initialement prévu le 29 juin. l’audience avait été reporté suite à une erreur de procédure soulevée par l’avocat de Christine.

Fin juin 2014, quand elle arrive à la MAF de Fleury Mérogis en transfert disciplinaire depuis Rennes, ce n’est qu’en transit, le temps qu’une place se libère au Centre de Détention de Poitiers-Vivonne. (voir ici sur son parcours)

Comme ailleurs, à son arrivée, elle refuse de donner ses empreintes, de prendre la carte de circulation et refuse aussi toute fouille ou palpation injustifiée [1]. La réponse de la matonnerie est directe, violente et sans concession. Elle est directement envoyée au mitard. A partir de là, elle n’en sort, à chaque fois, que pour quelques jours, voire les seules 24h légales[2], le temps qu’une autre commission de discipline ait lieu et l’y renvoie. Christine ne manque pas de se faire molester (plusieurs points de sutures à l’index dès son arrivée). À chaque retour au mitard, la fouille à nue obligatoire se transforme en une mêlée où une dizaine de matons s’affairent à forcer Christine à se déshabiller, quand ils ne lui arrachent pas littéralement ses vêtements. En plus de servir de sanction, le placement au mitard permet à l’AP de maintenir Christine isolée des autres détenues. Pas question de donner le « mauvais » exemple ! En effet, durant les quelques jours passés en détention normale, elle est la seule à sortir en promenade sans carte de circulation et sans palpation.

Une petite victoire que l’AP et ses matons vont faire payer cher à Christine.

Le 25 septembre, elle est placée en garde à vue afin d’être entendue à propos de plusieurs plaintes pour des soit disant violences sur des matons de Fleury. Le 29 juin c’est le tribunal d’Évry qui la jugera sur ces plaintes.

En trois mois passés à Fleury, Christine aura passé 87 jours au mitard.

Aujourd’hui, après de nouveaux transferts disciplinaires, elle est incarcérée au Centre Pénitentiaire d’Orléans-Saran. La treizième taule depuis le début de son incarcération, toujours dans la moitié nord de la France, le plus loin possible de sa famille et de ses proches. Elle continue à être maintenue la majeure partie du temps au QD. Sa demande de libération conditionnelle a été refusée. Des matons continuent de porter plainte contre elle après l’avoir cognée ou humiliée, pour défendre leur sale corporation et tenter de se grappiller un treizième mois. Et à la finale, c’est la date de libération de Christine qui continue toujours de s’éloigner.

Parce que le rapport dans lequel Christine se débat n’est pas un rapport individuel entre elle et les institutions, mais bien un rapport social fait d’exploitation et de domination que nous subissons tous quotidiennement,

Parce que ces même institutions mettent tout en place pour nous maintenir divisés et isolés,

Parce que, dans un tribunal ou dans une taule, un peu de solidarité peut redonner du courage ou appuyer un rapport de force trop souvent en notre défaveur,

SOYONS NOMBREUX À SOUTENIR CHRISTINE

FACE À LA JUSTICE ET L’ISOLEMENT CARCÉRAL.

RDV MARDI 17 NOVEMBRE 2015 À 8H30

devant le Tribunal d’Évry (rue des Mazières)

D’ici là et après, pour lui écrire, voici son adresse à Épinal:
Christine RIBAILLY, écrou 2824, MAF – CP d’Orléans, RD702 – les Montaubans, 4024 ancienne route de Chartres, 45770 SARAN

 

Pour plus d’informations sur la situation de Christine et lire des extraits de courriers :

http://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

 

 

 

NOTES :

1/ Bien que la loi pénitentiaire de 2009 interdise théoriquement les fouilles systématiques des détenus, à Fleury comme dans de nombreuses autres taules, à chaque arrivée au Quartier Disciplinaire (QD) et chaque retour de parloir, les détenues son fouillées à nu. Et d’une manière générale chaque sortie de cellule est conditionnée à une palpation corporelle. La formulation du texte de loi est suffisamment floue pour que chaque taule s’en accommode à sa guise.

2/ La même loi de 2009 limite à 30 jours la période maximale des placements en QD. 24h de pause suffisent pour rembrayer sur une autre période de mitard.

 

 

 

_______________________________________________________________________________

Ci-dessous, un récit de Christine sur cette période passée à Fleury-Mérogis

 

FLEURY MEROGIS

Je suis arrivée début juillet (je ne me souviens d’aucune date par cœur et je n’ai pas mon cahier avec moi) à Fleury, en transfert-transit entre Rennes et Vivonnes (2 CD [Centre de Détention]).Retour ligne automatique
Comme d’habitude, à l’arrivée, je refuse de donner mes empreintes au greffe. Je leur explique calmement « Soit vous rester calmes et on règle ça dans une semaine avec un prétoire où je ne risque pas plus de 7 jours ; soit vous me les prenez de force, on risque de se faire mal, ça va compliquer tout le reste de la détention ici et, de toutes façons, vous n’aurez rien d’utilisable ». Ils choisissent la force, ce qui donne une photo assez comique et pas d’empreintes palmaires. Je résiste mais ne me débat pas. Arrivée à la MAF [Maison d’Arrêt Femmes], en camion vu la taille de la taule, un chef vient me dire que je vais direct au mitard. Je lui dit qu’il va avoir du mal à le justifier mais que j’accepte. Je suis encore menottée, il y a des agents avec l’équipement pare-coups (casques, plastrons, etc.). Je redis que je vais y aller seule mais ils veulent me tenir. Du coup, je me débats et ils m’y portent de force. Là, je refuse la fouille et je rue comme je peux pendant qu’ils me pelotent.Retour ligne automatique
Le prétoire 2 jours plus tard est annulé car, comme je l’avais prévu, il n’y a pas de justificatif de mise en prévention. Je vais au QA 3 jours puis ils le refont correctement. Je prend 7 jours de QD [Quartier Disciplinaire (« mitard »)]. Durant la GAV [Garde à vue], presque 3 mois plus tard, ils me diront que 2 surveillantes ont été blessées (2 et 3 jours d’ITT) lors de la fouille. C’est la première affaire de violences.

[…]

(Lire la suite sur ici)

 

Poitiers. Nouveau report de procès (06/10/15)

Suite à un mouvement collectif des détenues du centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, Christine Ribailly devait comparaître ce mardi 6 octobre au tribunal de Poitiers pour « violences », « outrages », « menaces » envers divers membres de l’Administration pénitentiaire.  Actuellement détenue à la prison d’Orléans-Saran, Christine a été déplacée jusqu’à la salle d’audience où l’attendait une quarantaine de personnes venues la soutenir et témoigner leur solidarité aux résistances individuelles et collectives face à l’incarcération et la violence des matons.
Mais l’audience n’a pu avoir lieu et est reportée au 15 mars 2016 à 14h.
En effet, à la lecture faite par la juge de la longue convocation de Christine, énumérant les multiples faits qui lui sont reprochés, l’avocat de Christine observe que la copie qui lui avait été envoyée était incomplète et faisait état de 6 faits au lieu des 11 cités par la juge. Le procureur n’acceptant pas que ces 6 faits passent à la trappe du jugement, Christine et sa défense optent pour le renvoi.
Il apparaît d’ores et déjà que les multiples plaintes rapportées par les membres de l’AP se sont ajoutées les unes après les autres à un dossier qui promettait aux accusateurs quelques recettes pour arrondir leurs fins de mois sur le dos de l’accusée. Chacun y est allé de sa petite plainte, toutes aussi ridicules les unes que les autres.
Double peine pour de nombreux prisonniers, les mois d’emprisonnement suite à ce genre de plaintes s’ajoutent à des sanctions disciplinaires déjà prononcées, et ne cessent de gonfler les durées d’incarcération dans la plus totale impunité des matons.

Nous nous retrouverons donc aux côtés de Christine le 15 mars 2016 au tribunal de Poitiers à 14h.

Poitiers, Procès de Christine qui résiste en prison contre l’arbitraire et pour la liberté

Le 28 avril 2015, Christine Ribailly devait être extraite de la prison de Strasbourg afin de comparaître au tribunal de Poitiers pour y répondre d’ « incidents » survenus à l’automne 2014 quand elle était incarcérée à Vivonne. Pour des raisons qui ne lui appartiennent pas, Christine n’a pas été transférée ce jour-là et son audience remise au mardi 6 octobre 2015 à 13h.

« […] il arrive que des condamnés commettent le crime de parler… »

A.M. Jacob

Le 28 avril 2015, Christine Ribailly devait être extraite de la prison de Strasbourg afin de comparaître au tribunal de Poitiers pour y répondre d’ « incidents » survenus à l’automne 2014 quand elle était incarcérée à Vivonne. Pour des raisons qui ne lui appartiennent pas, Christine n’a pas été transférée ce jour-là et son audience remise au mardi 6 octobre 2015 à 13h.

Isolement, éloignement familial, transferts disciplinaires, fouilles à nu, violences, quartiers disciplinaires, humiliations… Pour les près de 70 000 prisonniers en France, chaque journée passée en prison est un défi face à l’Administration Pénitentiaire (AP). Forte d’une multitude d’outils et de dispositifs tant violents qu’insidieux, l’AP encadre l’atomisation des prisonniers et orchestre la répression de leurs résistances. Pour n’en citer que quelques exemples :

  •  casques, boucliers, équipes d’intervention anti-émeute (ERIS)
  •  sédatifs et anti-anxiolytiques
  •  chantages à la possibilité d’avoir accès à des remises de peines, activités, parloirs, UVF (Unité de Vie Familiale), … qui deviennent des faveurs à quémander à l’AP,
  •  organisation de l’espace qui vise l’atomisation des détenus (cellules d’isolement, quartier disciplinaire, segmentation par de nombreuses grilles d’accès, TV/douche/repas en cellule et donc seuls…)

Aspirateur social, prison de la misère, machine à broyer, entreprise de déshumanisation, les mots n’ont jamais manqué pour désigner la prison, la taule. Des paroles de prisonniers aux enquêtes de l’Observatoire International des Prisons en passant par les témoignages des familles et proches de détenus, les conclusions sont les mêmes : la prison détruit l’être social.

Résister en prison, c’est y survivre, c’est exister.

Au centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, les détenues du quartier femmes rédigent une plate-forme de revendications collectives (voir au dos) où elles expriment leurs frustrations et aspirations immédiates dans le cadre de leur détention. C’est dans ce contexte d’expression collective que l’Administration pénitentiaire de Vivonne décida de porter plainte contre Christine qui comparaîtra ce mardi 6 octobre pour outrage, violence et rébellion.

Face aux institutions, ne pas se laisser piétiner et tabasser est trop souvent synonyme d’ « outrage, violence, menace »…

En prison, en plus de l’insupportable privation de liberté, les situations de confrontation et d’humiliation sont le lot quotidien des prisonniers face aux agents de l’administration pénitentiaire et leurs supérieurs : refus de promenade, de séances de sport, fouilles diverses et multiples, problèmes de courrier ou remarque déplacée, palpations, annulations de parloir… D’autant plus que « les matons disent qu’ils ne font que respecter la loi. […] Mais c’est rarement le cas. »

Alors à chaque manquement à ses droits ou provocation, que Christine soit elle-même concernée ou que l’une de ses codétenues soit visée, elle réagit avec la même ardeur et, en retour, essuie des sanctions. Christine a ainsi passé la moitié de ces deux dernières années en quartier disciplinaire ou à l’isolement, et subi treize transferts d’établissement. Certaines confrontations mènent à des insultes ou affrontements physiques… A plusieurs reprises, Christine a porté plainte contre des surveillants : ses plaintes n’ont jamais été retenues. À plusieurs reprises, des surveillants ont porté plainte : ils y ont gagné du fric et de nouvelles peines pour Christine. En deux ans d’emprisonnement, Christine a ainsi accumulé plus d’une année d’incarcération supplémentaire à sa peine initiale (elle-même le fruit d’« outrages, violences et rébellions »).

Sans notre soutien, les prisonniers et leurs combats

face à l’Administration pénitentiaire sont écrasés dans le silence.

 

Soyons nombreux mardi 6 octobre 2015 à 12h devant le tribunal de Poitiers (Place Alphonse Lepetit)

LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE

Décembre 2014

Comme ailleurs, nous voulons :

  • Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
  • La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
  • Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
  • La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
  • La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
  • La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
  • Les repas appétissants : marre de manger du plastique !Localement, nous demandons :
  • Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…L
  • ’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
  • La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
  • La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
  • L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
  • Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier » et « fitness », 2h. par semaine
  • L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
  • La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes

(Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation)

« Nous avons donc affiché la liste de revendications le jeudi 13 sur le tableau des notes de services. A notre surprise, la feuille manuscrite y est restée quatre jours ! Mais nous n’avons eu aucun retour. Je l’ai donc expédiée à la direction qui n’a pas fait plus de commentaires. Alors nous avons fait une lettre, extrêmement polie, pour demander l’ouverture d’une salle aux mêmes heures que les promenades. Elle a été signée par toutes les filles de la MAF. Quand elle a été remise à la chef, j’étais déjà au mitard [NDLR : sanctionnée pour un refus de fouillà nue ].

J’ai appris que le chef de bâtiment avait convoqué toutes les filles une par une dans son bureau pour leur faire peur en disant que les revendications collectives étaient interdites. Bien sûr, ils n’ont pas osé mentir ainsi aux Basques et à moi. En effet, ce qui est passible d’un CRI (compte-rendu d’incident), c’est « une action collective mettant en danger la sûreté de l’établissement », ce qui n’est pas notre cas. Au contraire, la loi de 2009 incite l’AP à consulter les détenus sur les activités qui leur sont proposées. Il en a profité pour leur dire aussi que c’était interdit de me saluer en criant (et comment peut-on faire autrement avec le béton qui nous sépare ?). Donc depuis quinze jours, seules les Basques me parlent. Bref, c’est l’attitude classique de l’AP… »

Christine, 11/12/2014, MAF de Vivonne

Voir le site du journal anti-carcéral (envoyé gratuitement aux prisonniers sur demande) : http://lenvolee.net/

Pour des lettres, infos et nouvelles de Christine : https://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

Suite à sa demande liée à l’amélioration des conditions de détention dans le quartier disciplinaire de la MAF de Metz, deux personnes des CGLPL (Controleur Général des Lieux de Privation de Liberté) sont venues voir Christine pour une inspection. Voici un rapport des CGLPL suite à cette démarche.

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À propos de Christine Ribailly, adresse à tous les enfermeurs

Ci-dessous, une lettre ouverte envoyée aux institutions judiciaires et pénitentiaires en réaction à un article paru le 9 juin 2015 dans le quotidien Vosges Matin. Cet article est une tribune sur la situation de Christine Ribailly (à l’époque incarcérée à la maison d’arrêt d’Épinal) donnant la parole à Mme Fadila Doukhi, déléguée syndicale de la section FO pénitentiaire des Vosges.

Incarcérée depuis plus de deux ans et demi, Christine se trouve dans un rapport de force quotidien avec l’administration pénitentiaire pour se faire respecter face à des conditions de détention toujours plus difficiles pour l’ensemble de la population carcérale. La corporation de matons d’Épinal, comme bien d’autres, n’aime pas les récalcitrants et cette fois-ci a voulu faire connaître ses élucubrations sur la manière dont elle voudrait voir gérer l’incarcération de Christine par l’administration pénitentiaire. Après avoir, une énième fois, pleurniché sur ses conditions de travail, cette corporation ose ici demander à ce que les protestations de Christine soient considérées comme manifestations de folie afin de la faire interner et ne plus l’avoir dans les pattes.

Le courrier ci-dessous vient rappeler à ces sordides apprentis toubibs que personne ne leur a demandé leur avis et qu’ils peuvent donc se le garder !

Pour l’instant, Christine est toujours en détention, et heureusement pas en institution psychiatrique. À défaut, ces matons d’Épinal auront obtenu, fin juin, le transfert de Christine.
Elle est aujourd’hui à la Maison d’arrêt de Metz.

Face à ces efforts pour détruire les détenus et leurs résistances en prison, restons attentifs à l’évolution de la situation de Christine.

Pour continuer de lui écrire :
Christine RIBAILLY, écrou 57937, 1 rue de la Seulhotte, BP 95020, 57071 METZ cedex 3

Pour en lire plus: https://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

____________________________________________________________________________

A l’attention particulière de
FO Pénitentiaire des Vosges
la direction de la MA d’Épinal
la Direction Régionale de Strasbourg
la Garde des sceaux
la Rédaction de Vosges Matin
la direction de la MA de Metz

OBJET : Situation de Mme Christine RIBAILLY, anciennement détenue à la MAF d’Épinal  – Réaction à l’article de Vosges Matin paru le 9 juin 2015

Mesdames, Messieurs,
Nous venons ici attirer votre attention sur la situation de Mme Christine Ribailly, actuellement incarcérée à la MAF de Metz, et précédemment, à la MAF d’Épinal. Dans un même temps, nous souhaitons réagir à l’article « Une détenue qui pousse à bout le personnel » paru dans le quotidien Vosges Matin du 09 juin 2015. Véritable tribune d’une section syndicale de surveillants qui se veulent à la fois juges, psychologues et médecins, cet article autorise et soutient ces surveillants dans un exercice qui dépasse leur fonction, et vise à aggraver la situation de cette détenue dans la droite ligne du travail engagé, depuis plus de deux ans, par l’Administration Pénitentiaire et la justice. Si cet article se garde bien de la nommer, il ne fait aucun doute que la détenue dont il est question est Mme Christine Ribailly, enfermée depuis novembre 2012 pour ses insoumissions à l’autorité de différentes institutions publiques, dans la défense de ses revendications.

Dans cette tribune, la section FO Pénitentiaire des Vosges déclare, par la voix de Mme Fadila Doukhi, que la «place [de Mme Ribailly] ne serait pas en maison d’arrêt mais en hôpital psychiatrique ». Il est inacceptable qu’une corporation syndicale de surveillants s’arroge le droit de colporter les élucubrations du personnel sur l’état de santé d’une détenue. Quelle formation médicale possède ce personnel pour se permettre de tels diagnostics ?

Si par la même voix de Vosges Matin, la direction de la MAF d’Épinal veut donner à croire qu’elle ne partage pas l’avis de son personnel syndiqué, les faits montrent le contraire. En effet, rapidement la direction donnait raison à la demande de la déléguée de FO en procédant à un signalement auprès de la préfecture : le 17 juin 2015 Mme Ribailly était ainsi convoquée pour une expertise psychiatrique. Celle-ci, n’a, heureusement et pour l’instant, pas donné lieu à une décision d’hospitalisation sous contrainte.

Malheureusement, nous ne savons que trop bien à quoi peut servir le recours à l’institution psychiatrique dans la gestion des détenus par l’Administration Pénitentiaire. Loin de tout altruisme, cette pratique n’a d’autre but que de faciliter le travail du personnel pénitentiaire pour des cas de détenus trop récalcitrants au quotidien carcéral.
Dans les faits, après les traditionnels transferts disciplinaires et autres placements au mitard ou en isolement, l’internement psychiatrique vient comme ultime sanction disciplinaire appelée par l’administration pénitentiaire. L’injection de sédatifs et la camisole physique sont en effet redoutables pour ce qui est de casser toute velléité de protestation.
Le personnel pénitentiaire se voit alors rapidement soulagé. Les détenus voient leur santé rapidement et dangereusement dégradée.

Concernant Mme Ribailly, ce n’est pas la première fois que l’Administration Pénitentiaire brille par de telles pratiques ! Il y a quelques mois seulement, l’administration de la MAF d’Elsau à Strasbourg, réussissait, par un signalement similaire, à faire placer Mme Ribailly à l’UHSA de Nancy. Sitôt arrivée, la médecin psychiatre de service reconnaissait le caractère abusif de ce placement et procédait à la levée de l’hospitalisation sous contrainte.
En 2011, c’était le centre pénitentiaire de Lyon-Corbas qui faisait procéder à un même placement à l’UHSA du Vinatier à Lyon. Suite à un recours de la part de Mme Ribailly, le tribunal administratif jugea, a posteriori, ce placement abusif et demanda son annulation administrative.

Nous dénonçons ces pratiques régulières de la part de nombreuses institutions, comme l’administration pénitentiaire, mais également de nombreuses autres institutions de l’autorité publique (forces de police et de gendarmerie, justice, mairies, préfectures, etc.) qui, lorsqu’elles se trouvent face à une contestation de leur autorité, n’hésitent pas à juger comme « fous » leurs détracteurs afin de s’en débarrasser à grands coups de camisoles physiques et chimiques.

Par ailleurs, nous tenons également à dénoncer des pratiques, malheureusement trop communes, qui visent à monter les détenus les uns contre les autres. Dans le même article de Vosges Matin, il est fait référence aux soi-disant inquiétudes pour leur surveillantes, formulées par courrier, d’une dizaine de détenues de la MAF d’Épinal. Nous savons que trop bien comment fonctionne le chantage, aux sanctions d’un côté, et aux Remises de Peines Supplémentaires et petites faveurs de l’autre. Dans de telles conditions, il devient difficile de refuser quelconque demande du personnel pénitentiaire, qui quant à lui, combat toute forme de solidarité entre détenus.

Depuis maintenant plus de deux ans et demi, Mme Ribailly est incarcérée dans vos prisons. Initialement condamnée pour avoir contesté l’arbitraire dont fait preuve l’administration pénitentiaire face aux familles et proches de détenus, mais également pour son engagement contre le prélèvement ADN, le fichage de la population, la loi LOPPSI 2, le puçage et la vaccination obligatoire des brebis, et d’une manière générale, toutes les situations arbitraires générées par les autorités publiques.

Bien qu’incarcérée, Mme Ribailly continue de dénoncer les situations qu’elle subit et réprouve. En détention, il s’agit notamment des fouilles systématiques pratiquées par la plupart des établissements pénitentiaires en France et ce, malgré l’interdiction posée par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Il s’agit également des cartes de circulations imposées pour tout déplacement à l’intérieur de la détention, continuum de la logique de fichage généralisé qui traverse la société. Et plus généralement, toutes les humiliations, chantages, violences, morales comme physiques, que peut produire le quotidien carcéral sur l’ensemble des détenus.

Face à toute velléité de protestation, l’administration pénitentiaire regorge de moyens disciplinaires et cela fait deux ans et demi que Mme Ribailly en fait les frais.
Nous dénonçons l’ensemble de ces pratiques :

  • Insultes, menaces et violences physiques et morales de la part du personnel pénitentiaire.
  • Chantages (suppression de parloirs, d’UVF, d’activités diverses, de repas, d’accès à la douche, de correspondances internes entre les détenu-e-s, des couvertures, des produits d’hygiène, de tabac, du droit à la défense par le refus d’appel à son avocat, de l’accès aux soins, etc.).
  • Sanctions disciplinaires telles les placements successifs au mitard puis en isolement lorsque les délais légaux sont dépassés (deux tiers de l’incarcération de Mme Ribailly passés en QD et QI), et les transferts disciplinaires à répétition et dans des établissements systématiquement loin de ses proches.
  • Plaintes à répétition de surveillants opportunistes et vindicatifs qui, par les procédures judiciaires à répétition, les lourds frais qu’elles engendrent et les ignobles dommages et intérêts qu’ils se voient accorder, ne visent qu’à user Mme Ribailly.
  • Report continuel d’une possibilité de libération par l’ajout de nouvelles condamnations prononcées en détention, par des suppressions de remises de peines et les refus systématiques des aménagements de peine auxquels elle a théoriquement droit.

Alors non, contrairement à ce qu’en disent les élucubrations des surveillants de FO, si traitement spécifique il y a avec Mme Ribailly, ce n’est certainement pas un « traitement de faveur » mais bien un ensemble de pratiques qui ne visent qu’à la faire renoncer à ses revendications, quitte à rallonger son incarcération et à mettre à mal son intégrité physique et morale, ainsi que celle de ses proches.

Dans l’immédiat, nous exigeons que cessent, sans délais, toutes les exactions précitées dont fait l’objet Mme Ribailly. Nous réclamons :

  •  Que cesse toute pression et tout acharnement,
  •  Que cesse l’ensemble des sanctions disciplinaires,
  •  Que soit abandonnée toute tentative de placement en hôpital psychiatrique,
  •  Que soit donné droit aux aménagements de peine auxquels Mme Ribailly a théoriquement accès,
  •  Que soit donné droit à sa demande de transfert dans un établissement pour peine à proximité de ses proches.

Sachez que nous restons attentifs à l’évolution de la situation de Mme Ribailly que nous continuerons de dénoncer et de rendre publique ; et que nous ne cesserons de réagir de toutes les manières nécessaires aux traitements qui lui sont faits derrière les murs de vos prisons.

Mercredi 15 juillet 2015,
Enfinpisserdanslherbe, regroupement de personnes en soutien à Christine

Pour tout contact : christinecontact@riseup.net

Transfert à Fleury Mérogis

Après cinq mois d’incarcération à Rennes, Christine [1], a connu un nouveau transfert disciplinaire fin juin. Elle est pour l’instant à Fleury-Mérogis, semble-t-il en attendant qu’une place se libère au Centre de Détention (CD) de Poitiers-Vivonne. Christine doit passer devant la Cour d’Appel de Paris le 26 septembre suite à l’appel du parquet sur son procès de Melun début mars 2014.

Depuis février 2014, Christine était donc incarcérée au CD pour femmes de Rennes, arrivée en transfert disciplinaire depuis Réau en banlieue parisienne (voir ici les événements précédents). Après la tension de Réau (mitard, violences physiques et humiliations de la part des matons), le climat change à Rennes. Il faut dire que cette taule, souvent présentée comme un modèle, tient à conserver son image. Mais c’est bien d’image dont il est question. Le mode de gestion des détenues y est peut être différent mais plus bien plus insidieux.
Absence de Quartier d’Isolement et de régime « portes fermés », le changement sur le quotidien n’est pas des moindre. Sitôt arrivée, Christine s’inscrit aux nombreuses activités que propose l’Administration Pénitentiaire (AP), (cours de langues, journal interne, sport, jardin, …). Les Unités de Vie Familiale (UVF) sont facilement obtenues et les jours de mitard tombent moins rapidement et sont un peu moins nombreux (près 40 jours en 5 mois, contre plus de 200 jours en 15 mois dans les taules précédentes). Mais, contrairement à ce dont se vante la direction, il ne s’agit pas là d’altruisme ni d’une « humanisation » de la détention, mais seulement de dispositifs tendant à mieux faire accepter cette détention. Pour les détenues récalcitrantes, la suppression de ces nombreux « avantages » sert de moyen de chantage pour les faire rentrer dans le rang. Une manière de faire en sorte que même derrière des barreaux et des murs de béton, il puisse encore y avoir quelque chose à perdre.
Et cela n’a pas raté. Rapidement, Christine s’est vue restreindre puis interdire l’accès au cours de langue, au jardin et au journal interne (au cynique nom : « Citad’elles »). Constamment l’AP menace de refuser un parloir double, une UVF. Malgré cela, Christine ne se démonte pas.
Mais fin juin, l’AP de Rennes s’en débarrasse par un nouveau transfert disciplinaire. Bien qu’officiellement affectée au CD de Poitiers-Vivonne, elle est placée en transit à Fleury-Mérogis le temps qu’une place s’y libère.
Arrivée à Fleury, comme ailleurs, elle refuse de donner ses empreintes et de prendre la carte de circulation et refuse aussi les fouilles et palpations. Là, le mode de gestion des détenues est plus proche des établissements précédents que de Rennes. Elle rentre direct au mitard et n’en sort que quelques jours à chaque fois (car limité à 30 jours maxi consécutifs), le temps d’une autre commission de discipline, puis elle y retourne. Chaque déplacement se fait avec une escorte de matons casqués où Christine ne manque pas de se faire molester (plusieurs points de sutures à l’index dès son arrivée).
Le passage de transit à Fleury ne doit officiellement pas dépasser 3 mois mais devrait certainement aller jusqu’au 26 septembre (à 13h30 Pôle2, chambre9), date à laquelle Christine doit passer devant la Cour d’Appel de Paris suite à l’appel du parquet sur son procès de Melun début mars 2014

Résistance à la taule de Réau, un maton porte plainte contre Christine

Mi-octobre 2013, Christine se fait incarcérer au Centre de Détention de Réau en banlieue parisienne. Dès son arrivée, elle refuse de prendre la carte de circulation nécessaire aux passages des multiples sas de sécurité au sein de la taule. Elle est alors maintenue en « régime de portes fermées ». Pour les détenues placées sous ce régime, une seule pièce, la « salle de convivialité », permet de passer des moments ensemble. Début décembre, l’Administration Pénitentiaire (AP) décide de fermer cette salle sans donner de motif à cette décision.

Immédiatement, Christine demande des explications. L’AP n’apprécie pas trop cette insolence et lui colle au total 21 jours de mitard en faisant tomber des Comptes Rendus d’Incidents gardés sous le coude.
Au mitard, elle continue de protester, mais cette fois-ci pour obtenir un poste radio (obligatoire au mitard depuis la loi pénitentiaire de 2009). à sa sortie du mitard, elle rédige avec ses co-détenues un courrier destiné à l’AP, revendiquant la ré-ouverture de la « salle de convivialité » ainsi qu’une ouverture exceptionnelle de cette même salle le 1er janvier pour prendre ensemble le repas de midi.

L’AP tarde à répondre, et le 31 décembre le chef de détention Ha-o-kwie convoque Christine pour lui rendre, à elle seule, la réponse négative. Elle proteste et refuse de devoir annoncer elle-même cette réponse à ses co-détenues. Ha-o-kwie insinue alors que c’est elle la meneuse et qu’elle aurait manipulé ses co-détenues pour rédiger la lettre de revendications. Elle fait un pas de défiance en avant. Là, trois autres matons restés à proximité l’agrippent par les bras pendant qu’Ha-o-kwie la menace en agitant son index sous le nez de Christine. Pour stopper cette humiliation, elle lui pince le doigt avec les dents. Menottée, les matons la collent au sol pendant qu’Ha-o-kwie lui envoie des coups de poing au visage.

Suite à cette altercation, Christine prend 30 jours de mitard. Ne voulant pas rater l’occasion de se faire un treizième mois, Ha-o-kwie porte plainte pour violence. Le dernier jour de mitard (le 28/01/14), Christine est placée en garde à vue et présentée au TGI de Melun pour être jugée sur cette plainte. Elle refuse cette comparution immédiate et reçoit une convocation en correctionnelle pour le 5 mars à 13h30 au même TGI de Melun. Dès le lendemain matin, elle est transférée pour raison disciplinaire au Centre Pénitentiaire de Rennes.

En 14 mois de détention, il s’agit de son sixième transfert disciplinaire et donc de sa septième taule. En 14 mois elle aura passés 205 jours au mitard et 70 jours en quartiers d’isolement. Après avoir écopé de 6 mois fermes et plusieurs centaines d’euros à verser à différents matons de Bapaume décidés par le Tribunal d’Arras, c’est maintenant le Tribunal de Melun qui veut venir en rajouter une couche.

N’appréciant pas les réfractaires, l’Administration Pénitentiaire, avec l’appui de la Justice, joue la carte de l’acharnement pour tenter de détruire Christine. Même si nos marges de manœuvre sont étroites, ne laissons pas Christine seule face à la machine à broyer.

 

Suite au procès du 13 février 2013 à Lyon, le parquet avait jugé la peine (3 mois fermes) trop clémente et avait donc fait appel. La date de cette nouvelle audience est tombée. Ce sera le lundi 14 avril 2014 à 13h30 à la Cour d’Appel de Lyon.