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Compte rendu du procès de Christine à la cour d’appel de Paris

Le 26 septembre 2014, Christine est passée en procès à la cour d’appel de Paris suite à une plainte de maton pour violence. Elle avait été condamnée à un mois ferme et 200 euros de dommage et intérêts par le Tribunal de Grande Instance de Melun le 5 mars 2014, mais le parquet, jugeant la peine trop clémente avait fait appel.

Comme lors de ses nombreux procès précédents, elle a tenté d’expliquer son geste en décrivant le contexte dans lequel il se place. Pour une fois, les juges lui ont laissé la possibilité de s’exprimer et ce fut donc pour Christine une occasion supplémentaire de poser des mots sur son quotidien, sur ses perspectives de plus en plus réduites par l’engrenage carcéral dans lequel elle est maintenue. Sans exprimer de regrets et sans s’excuser, elle explique point par point les actes que la justice lui reproche et met les juges face à la question carcérale. Comment imaginer une quelconque insertion ou réflexion lorsque tout un quotidien est conçu pour nous isoler et nous humilier ?

Lorsque ses projets de sortie sont abordés, elle maintien son envie de retrouver son troupeau, une vie à la campagne avec ses proches et n’oublie pas de mentionner que c’est la prison qui l’a désinsérée de ce projet puisque c’est l’AP (administration pénitentiaire) qui fut la première à lui passer les menottes.

Comme lors des précédents procès, elle précise que l’AP est une administration de droit qui contient des codes et des articles de lois. Le moins qu’on puisse attendre d’elle est qu’elle applique les règles qu’elle s’est elle même fixées et ce n’est pas le cas puisque le quotidien qu’elle vit depuis qu’elle est confrontée à l’AP est régit par l’arbitraire des matons et que cela ne peut qu’attiser sa révolte.

Lorsque ses anciennes condamnations sont abordées par la procureur avec la fameuse question « Que pensez vous de ces peines ? Selon vous, sont elles fondées ou toutes injustes ? » elle explique calmement qu’elle comprend que ce sont des conséquences logiques face aux lois auxquelles elles font références mais qu’en l’occurrence, elle rejette la légitimité de ces lois et donc conteste les condamnations prononcées contre elle.

Suite aux questions des différents magistrats, la proc requiert un ajournement du procès pour le mois de mars en précisant que cela pourrait avoir une influence sur le comportement de Christine et la pousser à sa seule possibilité d’amorcer un processus de sortie, une soumission à l’AP en réprimant elle-même ses envies de révoltes.

Ensuite, la plaidoirie de son avocat se basa sur son doute quant à la pertinence d’un ajournement puisqu’il retarde encore une fois la date de sortie et donc la démarche de conditionnelle que Christine est en train d’amorcer. Il exprime aussi son inquiétude face à l’accumulation des peines et aux tensions que cela crée dans le quotidien de Christine et à l’impossibilité, dans la dynamique actuelle, d’imaginer une sortie si un geste n’est pas fait de la part de la justice pour désamorcer l’engrenage dans lequel Christine se trouve. Il fait donc appel à la clémence des juges dans l’espoir qu’ils comprennent que c’est la seule solution pour que la situation s’apaise et que Christine puisse retrouver un espoir de sortie.
Suite à cela, le juge a demandé à Christine si elle accepterait une peine de TIG (travaux d’intérêts général), proposition que Christine a accepté.

Il est toutefois bon de noter que les réquisitions de la proc furent surprenantes puisqu’elles ne faisaient pas références aux anciennes réquisitions mais que dans la plupart des situations, un ajournement entraîne une carotte supplémentaire qui pousse la personne condamnée à se soumettre aux autorités auxquelles elle est confrontée.

Le 24 octobre 2014, la cour d’appel de Paris a rendu son délibéré et a condamné Christine à 140 heures de TIG à effectuer durant les 18 prochains mois.

Dans la société actuelle, il est souvent difficile d’imaginer une position cohérente puisque c’est un contexte de confrontation quasi permanent face à des institutions oppressantes. Dans une telle situation, il est difficile d’imaginer survivre sans effectuer une série de compromis, ainsi que de rendre nos désir de révoltes et de luttes concrètes au quotidien.

En prison, cette réalité est accentuée et la moindre confrontation est souvent synonyme de représailles des matons, de durcissement du quotidien ou de procès supplémentaire. Le cas de Christine n’est malheureusement pas un cas isolé et beaucoup de personnes se trouvent dans le même engrenage et voient, jours après jours, procès après procès, leur sortie s’éloigner. Face à l’esprit revanchard et corporatif des matons ainsi que le panel des outils juridiques qui maintient cette situation, il est difficile d’imaginer des manières de sortir d’un engrenage de la sorte. Ce qui est sûr, c’est que briser l’isolement causé par l’AP peut apporter de la force à celles et ceux qui se battent entre les murs et peut être un des éléments parmi d’autres permettant de diminuer le sentiment d’impunité que les matons ressentent dans leur quotidien.

Solidarité avec Christine et les détenu.e.s en lutte !
Et que crève l’AP !