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Rassemblement à Evry le 29 juin

Le procès du 29 juin à Evry a été renvoyé.
Ce renvoi a été obtenu à l’initiative de l’avocat qui a relevé dans la procédure un « problème de compétences ».
Le 29 juin, Christine aurait du passer devant une « collégiale », c’est-à-dire 3 juges. Or les faits pour lesquels elle est convoquée relèvent d’une cour à « juge unique ». L’extraction et le procès sont annulés pour le 29. Pas d’audience avant octobre ou novembre.

Incarcérée depuis novembre 2012, Christine purge plusieurs peines écopées ces dernières années suite à de multiples insoumissions à l’autorité de différentes institutions (flics, Administration Pénitentiaire, institution psychiatrique,..). Tous ceux qui, quotidiennement, ont pour rôle de réguler et réprimer nos vies, d’assurer le contrôle social. À l’intérieur, Christine ne faiblit pas et continue de résister. Régulièrement en conflit avec l’Administration Pénitentiaire (AP) et son personnel, elle se bouge contre ce qu’elle ne supporte pas : par exemple le fichage à l’entrée en détention, et les fouilles et palpations corporelles répétées. En réponse, l’AP et la justice ne manquent pas de moyens pour, chaque jour, tenter de la broyer un peu plus.

Lundi 29 juin 2015, à 13h30, Christine sera jugée par le tribunal d’Évry pour quatre chefs d’inculpation de violences sur cinq matons de la Maison d’Arrêt des Femmes (MAF) de Fleury Mérogis.

Fin juin 2014, quand elle arrive à la MAF de Fleury Mérogis en transfert disciplinaire depuis Rennes, ce n’est qu’en transit, le temps qu’une place se libère au Centre de Détention de Poitiers-Vivonne. (voir ici sur son parcours : http://rebellyon.info/spip.php?page=recherche&recherche=Ribailly )
Comme ailleurs, à son arrivée, elle refuse de donner ses empreintes, de prendre la carte de circulation et refuse aussi toute fouille ou palpation[1]. La réponse de la matonnerie est directe, violente et sans concession. Elle est  directement envoyée au mitard. A partir de là, elle n’en sort, à chaque fois, que pour quelques jours, voire les seules 24h légales[2], le temps qu’une autre commission de discipline ait lieu et l’y renvoie. Chaque déplacement à l’intérieur de la taule se fait avec une escorte de matons casqués où Christine ne manque pas de se faire molester (plusieurs points de sutures à l’index dès son arrivée). À chaque retour au mitard, la fouille à nu obligatoire se transforme en une mêlée où une dizaine de matons s’affairent à forcer Christine à se déshabiller, quand ils ne lui arrachent pas littéralement ses vêtements. En plus de servir de sanction, le placement au mitard permet à l’AP de maintenir Christine isolée des autres détenues. Pas question de donner le « mauvais » exemple ! En effet, durant les quelques jours passés en détention normale, elle est la seule à sortir en promenade sans carte de circulation et sans palpation.
Une petite victoire que l’AP et ses matons vont faire payer cher à Christine.
Le 25 septembre, elle est placée en garde à vue afin d’être entendue à propos de plusieurs plaintes pour des soit disant violences sur des matons de Fleury. Le 29 juin c’est le tribunal d’Évry qui la jugera sur ces plaintes.

En trois mois passés à Fleury, Christine aura passé 87 jours au mitard.
Aujourd’hui, après un nouveau transfert disciplinaire, elle est incarcérée à la MAF d’Épinal, dans les Vosges. La onzième taule depuis le début de son incarcération, toujours dans la moitié nord de la France, le plus loin possible de sa famille et de ses proches. Elle continue à être maintenue la majeure partie du temps au QD. Ses demandes de libération conditionnelle ont été refusées. Des matons continuent de porter plainte contre elle après l’avoir cognée ou humiliée, pour défendre leur sale corporation et tenter de se grappiller un treizième mois. Et à la finale, c’est la date de libération de Christine qui continue toujours de s’éloigner.

Parce que le rapport dans lequel Christine se débat n’est pas un rapport individuel entre elle et les institutions, mais bien un rapport social fait d’exploitation et de domination que nous subissons tous quotidiennement,
Parce que ces même institutions mettent tout en place pour nous maintenir divisés et isolés,
Parce que, dans un tribunal ou dans une taule, un peu de solidarité peut redonner du courage ou appuyer un rapport de force trop souvent en notre défaveur,

SOYONS NOMBREUX À SOUTENIR CHRISTINE FACE À LA JUSTICE ET L’ISOLEMENT CARCÉRAL.

                              LUNDI 29 JUIN 2015 À 13H
                     devant le Tribunal d’Évry (rue des Mazières)

D’ici là et après, pour lui écrire, voici son adresse à Épinal:
Christine RIBAILLY, écrou 15863, MAF d’Épinal, 13 rue Villars, BP21069, 88060 ÉPINAL Cedex9

Pour plus d’informations sur la situation de Christine et lire des extraits de courriers :

Dernières nouvelles et présentation

NOTES :
1/   Bien que la loi pénitentiaire de 2009 interdise théoriquement les fouilles systématiques des détenus, à Fleury comme dans de nombreuses autres taules, à chaque arrivée au Quartier Disciplinaire (QD) et chaque retour de parloir, les détenues son fouillées à nu. Et d’une manière générale chaque sortie de cellule est conditionnée à une palpation corporelle. La formulation du texte de loi est suffisamment floue pour que chaque taule s’en accommode à sa guise.
2/   La même loi de 2009 limite à 30 jours la période maximale des placements en QD. 24h de pause suffisent pour rembrayer sur une autre période de mitard.

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Ci-dessous, un récit de Christine sur cette période passée à Fleury-Mérogis

FLEURY MEROGIS

Je suis arrivée début juillet (je ne me souviens d’aucune date par cœur et je n’ai pas mon cahier avec moi) à Fleury, en transfert-transit entre Rennes et Vivonnes (2 CD [Centre de Détention]).
Comme d’habitude, à l’arrivée, je refuse de donner mes empreintes au greffe. Je leur explique calmement « Soit vous rester calmes et on règle ça dans une semaine avec un prétoire où je ne risque pas plus de 7 jours ; soit vous me les prenez de force, on risque de se faire mal, ça va compliquer tout le reste de la détention ici et, de toutes façons, vous n’aurez rien d’utilisable ». Ils choisissent la force, ce qui donne une photo assez comique et pas d’empreintes palmaires. Je résiste mais ne me débat pas. Arrivée à la MAF [Maison d’Arrêt Femmes], en camion vu la taille de la taule, un chef vient me dire que je vais direct au mitard. Je lui dit qu’il va avoir du mal à le justifier mais que j’accepte. Je suis encore menottée, il y a des agents avec l’équipement pare-coups (casques, plastrons, etc.). Je redis que je vais y aller seule mais ils veulent me tenir. Du coup, je me débats et ils m’y portent de force. Là, je refuse la fouille et je rue comme je peux pendant qu’ils me pelotent.
Le prétoire 2 jours plus tard est annulé car, comme je l’avais prévu, il n’y a pas de justificatif de mise en prévention. Je vais au QA 3 jours puis ils le refont correctement. Je prend 7 jours de QD [Quartier Disciplinaire (« mitard »)]. Durant la GAV [Garde à vue], presque 3 mois plus tard, ils me diront que 2 surveillantes ont été blessées (2 et 3 jours d’ITT) lors de la fouille. C’est la première affaire de violences.
[…]
(Lire la suite sur ici

Procès de Christine à Poitiers reporté !

Mardi 28 avril 2015, Christine RIBAILLY, toujours détenue à la prison de Strasbourg, devait être extraite de sa cellule pour comparaître au tribunal de Poitiers et s’y défendre d’accusations d’outrages et de violences envers des personnes dépositaires de l’autorité publique. L’extraction n’a pas eu lieu, et le procès est renvoyé au 6 octobre 2015… Nous y serons !

Mardi 28 avril, Christine, toujours détenue à la prison de Strasbourg, devait être extraite de sa cellule pour comparaître au tribunal de Poitiers et s’y défendre d’accusations d’outrages et de violences envers des personnes dépositaires de l’autorité publique. L’extraction n’a pas eu lieu, et le procès est renvoyé. Motifs ? : couper l’herbe sous le pied de la dynamique de soutien à Christine, qui s’amplifie ? Punir une fois de plus Christine, qui sortait tout juste du mitard, en lui interdisant cette sortie de cellule, de quelques 24h, que représente une audience à des centaines de kilomètres de son lieu actuel d’incarcération (pratique sadique assez commune de la direction pénitentiaire) ? Retarder l’affrontement du parquet aux conclusions de l’avocat de Christine, qui posent les nullités de la procédure et exigent la relaxe ? Quoiqu’il en soit des vraies motivations des autorités sur ce faux bond de dernière minute, les explications du greffe puis du juge ont été plus qu’évasives et obscures : Christine n’a pas été extraite « compte-tenu de la personnalité particulière de la prévenue », a rapporté le procureur (voir l’article de La Nouvelle République en lien). Incompétences administratives ?
Ce nouveau report entretient une tension et contribue à la tentative d’épuisement de la résistance de Christine. Il équivaut à un nouveau sursis durant lequel elle-même et ses proches sont encore une fois éconduits et maintenus dans l’incertitude de sa libération. Face à la justice et l’administration pénitentiaire, notre mobilisation de solidarité à Christine et contre la société carcérale ne peut que se réaffirmer dans ces circonstances et ne faiblira pas !

Malgré ce renvoi, un rassemblement de solidarité a eu lieu devant le tribunal ce mardi 28 de 15h à 16h30. Entre 20 et 30 personnes ont souhaité manifester leur soutien à Christine et faire connaître sa situation au plus grand nombre. Un journaliste aussi a tenu à informer, au-delà de la brève, sur ce renvoi d’audience et la situation de Christine dans  cet article

L’audience est donc reportée au mardi 6 octobre à 14h au tribunal de Poitiers.

Nous y serons !

Procès à Poitiers le 28 avril (rassemblement)

Mardi 28 avril à 15h

Rassemblement de solidarité

en soutien à Christine qui résiste en prison

contre l’arbitraire et pour la liberté

RDV devant le tribunal de Poitiers à 15h,

10 Place Alphonse Le Petit

Isolement, éloignement familial, transferts disciplinaires, fouilles à nu, violences, quartiers disciplinaires, humiliations… Pour les 66 270 prisonniers en France au 1er février 2015, chaque journée passée en prison est un défi face à l’Administration Pénitentiaire (AP). Forte de ses casques, de ses uniformes blindés, de ses armes et d’un code pénal qu’elle manie à sa guise, l’AP encadre l’atomisation des prisonniers et orchestre la répression de leurs résistances.

Aspirateur social, prison de la misère, machine à broyer, entreprise de déshumanisation, les mots n’ont jamais manqué pour désigner la prison, la taule. Des paroles de prisonniers aux enquêtes de l’Observatoire International des Prisons en passant par les témoignages des familles et proches de détenus, les conclusions sont les mêmes : la prison détruit l’être social.

Résister, c’est y survivre, c’est exister.

Face aux institutions, ne pas se laisser piétiner et tabasser est trop souvent synonyme d’ « outrage, violence, menace »

Sans notre soutien, les prisonniers et leurs combats

contre l’Administration pénitentiaire sont écrasés dans le silence.

Le 28 avril 2015, Christine Ribailly, détenue à la prison de Strasbourg, sera transférée au tribunal de Poitiers pour y répondre d’ « incidents » survenus à l’automne 2014 quand elle était incarcérée à Vivonne. Alors qu’une plate-forme de revendications collective venait de voir le jour au quartier femmes du centre de détention, dans laquelle les détenues exprimaient leurs frustrations et aspirations immédiates, l’Administration pénitentiaire de Vivonne décida de porter plainte contre Christine. C’est dans ce contexte d’expression collective que Christine s’est débattue lors de fouilles et autres provocations des surveillants de la pénitentiaire. Coupable d’avoir refusé d’encaisser sans broncher, de ne pas s’être écrasée, elle comparaîtra ce 28 avril à 16h pour outrage, violence et rébellion.

Refus de promenade, de séances de sport, fouilles diverses et multiples, problèmes de courrier ou remarque déplacée, palpations… En prison, les situations de confrontation sont le lot quotidien :

« Les matons disent qu’ils ne font que respecter la loi. J’attends donc une honnêteté sans faille de leur part. Quand j’ai été incarcérée, j’ai lu le code du prisonnier et le code pénal. Je regarde toutes les notes de service affichées en détention. Si tout ça est respecté, je ne fais pas d’histoire. Mais c’est rarement le cas. »

A chaque manquement à ses droits ou provocation, que Christine soit elle-même concernée ou que l’une de ses codétenues soit visée, elle réagit avec la même ardeur et, en retour, essuie les sanctions. Christine a ainsi passé la moitié de ces deux dernières années en quartier disciplinaire ou à l’isolement, et subi dix transferts d’établissement. Certaines confrontations dérapent. Insultes, affrontements physiques… À plusieurs reprises, des surveillants ont porté plainte, ajoutant de nouvelles condamnations à sa peine. En deux ans d’emprisonnement, Christine a ainsi accumulé plus d’une année d’incarcération supplémentaire.

La Justice va-t-elle, une fois de plus, écraser la résistance des prisonniers face à l’arbitraire de l’AP et accorder à l’institution carcérale une nouvelle fois l’impunité ?

Qui est Christine ? (cf. article de L.Bjurström http://www.politis.fr/Christine-un-engrenage-carceral,28711.html)

Christine est bergère. Elle aime la montagne et son troupeau, pouvoir se déplacer en toute liberté, voir qui elle veut quand elle le veut. Quand son compagnon est incarcéré, condamné pour une longue peine, elle découvre les contraintes du parloir, la sévérité de l’administration pénitentiaire. En décembre 2004, une altercation avec des surveillants du centre de détention de Valence, pour un parloir promis puis refusé, l’expédie en garde à vue pour la toute première fois. En comparution immédiate, elle écope de quatre mois de prison avec sursis pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique et outrage. Chaque année qui suit ajoute une nouvelle peine à son dossier. Aux incidents de parloir s’ajoutent ceux des manifestations contre le système carcéral, la loi Loppsi 2 ou le puçage des moutons, et des gardes à vue qui s’enchaînent. Le 8 novembre 2012, partie voir son compagnon au parloir, elle passe un portail de sécurité. Celui-ci ne sonne pas, mais les surveillants lui demandent d’enlever sa veste. L’ordre résonne comme une manifestation supplémentaire de l’arbitraire de l’institution. Parce que « les familles n’ont pas à se déshabiller sans raison », Christine refuse. Sa résistance l’expédie en garde à vue, puis deux mois en prison pour outrage et rébellion. Les deux mois d’incarcération sont devenus années. Un à un, les sursis et peines accumulés depuis 2004 sont tombés. Et, en deux ans d’emprisonnement, les multiples altercations avec les surveillants ont déjà allongé sa peine d’un an. Du mitard au quartier d’isolement, de commissions disciplinaires en procès, Christine s’accroche et ne faiblit pas.

Pour plus d’infos sur la situation de Christine : https://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

 

Tract 28 avril 2015 – POITIERS

Compte rendu du procès de Christine à la cour d’appel de Paris

Le 26 septembre 2014, Christine est passée en procès à la cour d’appel de Paris suite à une plainte de maton pour violence. Elle avait été condamnée à un mois ferme et 200 euros de dommage et intérêts par le Tribunal de Grande Instance de Melun le 5 mars 2014, mais le parquet, jugeant la peine trop clémente avait fait appel.

Comme lors de ses nombreux procès précédents, elle a tenté d’expliquer son geste en décrivant le contexte dans lequel il se place. Pour une fois, les juges lui ont laissé la possibilité de s’exprimer et ce fut donc pour Christine une occasion supplémentaire de poser des mots sur son quotidien, sur ses perspectives de plus en plus réduites par l’engrenage carcéral dans lequel elle est maintenue. Sans exprimer de regrets et sans s’excuser, elle explique point par point les actes que la justice lui reproche et met les juges face à la question carcérale. Comment imaginer une quelconque insertion ou réflexion lorsque tout un quotidien est conçu pour nous isoler et nous humilier ?

Lorsque ses projets de sortie sont abordés, elle maintien son envie de retrouver son troupeau, une vie à la campagne avec ses proches et n’oublie pas de mentionner que c’est la prison qui l’a désinsérée de ce projet puisque c’est l’AP (administration pénitentiaire) qui fut la première à lui passer les menottes.

Comme lors des précédents procès, elle précise que l’AP est une administration de droit qui contient des codes et des articles de lois. Le moins qu’on puisse attendre d’elle est qu’elle applique les règles qu’elle s’est elle même fixées et ce n’est pas le cas puisque le quotidien qu’elle vit depuis qu’elle est confrontée à l’AP est régit par l’arbitraire des matons et que cela ne peut qu’attiser sa révolte.

Lorsque ses anciennes condamnations sont abordées par la procureur avec la fameuse question « Que pensez vous de ces peines ? Selon vous, sont elles fondées ou toutes injustes ? » elle explique calmement qu’elle comprend que ce sont des conséquences logiques face aux lois auxquelles elles font références mais qu’en l’occurrence, elle rejette la légitimité de ces lois et donc conteste les condamnations prononcées contre elle.

Suite aux questions des différents magistrats, la proc requiert un ajournement du procès pour le mois de mars en précisant que cela pourrait avoir une influence sur le comportement de Christine et la pousser à sa seule possibilité d’amorcer un processus de sortie, une soumission à l’AP en réprimant elle-même ses envies de révoltes.

Ensuite, la plaidoirie de son avocat se basa sur son doute quant à la pertinence d’un ajournement puisqu’il retarde encore une fois la date de sortie et donc la démarche de conditionnelle que Christine est en train d’amorcer. Il exprime aussi son inquiétude face à l’accumulation des peines et aux tensions que cela crée dans le quotidien de Christine et à l’impossibilité, dans la dynamique actuelle, d’imaginer une sortie si un geste n’est pas fait de la part de la justice pour désamorcer l’engrenage dans lequel Christine se trouve. Il fait donc appel à la clémence des juges dans l’espoir qu’ils comprennent que c’est la seule solution pour que la situation s’apaise et que Christine puisse retrouver un espoir de sortie.
Suite à cela, le juge a demandé à Christine si elle accepterait une peine de TIG (travaux d’intérêts général), proposition que Christine a accepté.

Il est toutefois bon de noter que les réquisitions de la proc furent surprenantes puisqu’elles ne faisaient pas références aux anciennes réquisitions mais que dans la plupart des situations, un ajournement entraîne une carotte supplémentaire qui pousse la personne condamnée à se soumettre aux autorités auxquelles elle est confrontée.

Le 24 octobre 2014, la cour d’appel de Paris a rendu son délibéré et a condamné Christine à 140 heures de TIG à effectuer durant les 18 prochains mois.

Dans la société actuelle, il est souvent difficile d’imaginer une position cohérente puisque c’est un contexte de confrontation quasi permanent face à des institutions oppressantes. Dans une telle situation, il est difficile d’imaginer survivre sans effectuer une série de compromis, ainsi que de rendre nos désir de révoltes et de luttes concrètes au quotidien.

En prison, cette réalité est accentuée et la moindre confrontation est souvent synonyme de représailles des matons, de durcissement du quotidien ou de procès supplémentaire. Le cas de Christine n’est malheureusement pas un cas isolé et beaucoup de personnes se trouvent dans le même engrenage et voient, jours après jours, procès après procès, leur sortie s’éloigner. Face à l’esprit revanchard et corporatif des matons ainsi que le panel des outils juridiques qui maintient cette situation, il est difficile d’imaginer des manières de sortir d’un engrenage de la sorte. Ce qui est sûr, c’est que briser l’isolement causé par l’AP peut apporter de la force à celles et ceux qui se battent entre les murs et peut être un des éléments parmi d’autres permettant de diminuer le sentiment d’impunité que les matons ressentent dans leur quotidien.

Solidarité avec Christine et les détenu.e.s en lutte !
Et que crève l’AP !

Bref compte-rendu du procès du 5 mars au TGI de Melun

Christine était accusée d’avoir mordu le surveillant Ha-o-kwi. Quelques personnes étaient venues la soutenir. Le procureur et les parties civiles réclamaient la peine plancher de un an pour récidive, et un dédommagement de 500euros pour le doigt du surveillant, insistant sur la nécessité de punir sévèrement cette détenue récalcitrante qui selon eux menaçaient la détention. Son avocat, Benoît David, de l’association Ban Public, a tout d’abord plaidé la relaxe pour divers vices de procédures. Il a aussi insisté sur le fait que Christine ait été tabassée suite à la prise de bec avec Ha-O-kwi, qui curieusement n’a porté plainte que trois semaines plus tard… quand les images de vidéo-surveillance n’étaient plus visionnables !
Christine a terminé en parlant de la prison : « Je n’ai jamais avoué à ma grand mère que j’étais en prison, elle n’arrêtait pas de demander quand je viendrais la voir. Elle est morte avant que je sorte de prison. Voilà ce que c’est la prison. Je me demande en quoi cela protège votre société ? »
Christine et son avocat ont eu la « bonne » surprise de ne la voir condamnée « que » à un mois de prison supplémentaire et 200euros d’amende. Une peine qui reste lourde, même si on s’attendait à pire, connaissant les habitudes de la justice dans ce genre d’affaires.

 

Résistance à la taule de Réau, un maton porte plainte contre Christine

Mi-octobre 2013, Christine se fait incarcérer au Centre de Détention de Réau en banlieue parisienne. Dès son arrivée, elle refuse de prendre la carte de circulation nécessaire aux passages des multiples sas de sécurité au sein de la taule. Elle est alors maintenue en « régime de portes fermées ». Pour les détenues placées sous ce régime, une seule pièce, la « salle de convivialité », permet de passer des moments ensemble. Début décembre, l’Administration Pénitentiaire (AP) décide de fermer cette salle sans donner de motif à cette décision.

Immédiatement, Christine demande des explications. L’AP n’apprécie pas trop cette insolence et lui colle au total 21 jours de mitard en faisant tomber des Comptes Rendus d’Incidents gardés sous le coude.
Au mitard, elle continue de protester, mais cette fois-ci pour obtenir un poste radio (obligatoire au mitard depuis la loi pénitentiaire de 2009). à sa sortie du mitard, elle rédige avec ses co-détenues un courrier destiné à l’AP, revendiquant la ré-ouverture de la « salle de convivialité » ainsi qu’une ouverture exceptionnelle de cette même salle le 1er janvier pour prendre ensemble le repas de midi.

L’AP tarde à répondre, et le 31 décembre le chef de détention Ha-o-kwie convoque Christine pour lui rendre, à elle seule, la réponse négative. Elle proteste et refuse de devoir annoncer elle-même cette réponse à ses co-détenues. Ha-o-kwie insinue alors que c’est elle la meneuse et qu’elle aurait manipulé ses co-détenues pour rédiger la lettre de revendications. Elle fait un pas de défiance en avant. Là, trois autres matons restés à proximité l’agrippent par les bras pendant qu’Ha-o-kwie la menace en agitant son index sous le nez de Christine. Pour stopper cette humiliation, elle lui pince le doigt avec les dents. Menottée, les matons la collent au sol pendant qu’Ha-o-kwie lui envoie des coups de poing au visage.

Suite à cette altercation, Christine prend 30 jours de mitard. Ne voulant pas rater l’occasion de se faire un treizième mois, Ha-o-kwie porte plainte pour violence. Le dernier jour de mitard (le 28/01/14), Christine est placée en garde à vue et présentée au TGI de Melun pour être jugée sur cette plainte. Elle refuse cette comparution immédiate et reçoit une convocation en correctionnelle pour le 5 mars à 13h30 au même TGI de Melun. Dès le lendemain matin, elle est transférée pour raison disciplinaire au Centre Pénitentiaire de Rennes.

En 14 mois de détention, il s’agit de son sixième transfert disciplinaire et donc de sa septième taule. En 14 mois elle aura passés 205 jours au mitard et 70 jours en quartiers d’isolement. Après avoir écopé de 6 mois fermes et plusieurs centaines d’euros à verser à différents matons de Bapaume décidés par le Tribunal d’Arras, c’est maintenant le Tribunal de Melun qui veut venir en rajouter une couche.

N’appréciant pas les réfractaires, l’Administration Pénitentiaire, avec l’appui de la Justice, joue la carte de l’acharnement pour tenter de détruire Christine. Même si nos marges de manœuvre sont étroites, ne laissons pas Christine seule face à la machine à broyer.

 

Suite au procès du 13 février 2013 à Lyon, le parquet avait jugé la peine (3 mois fermes) trop clémente et avait donc fait appel. La date de cette nouvelle audience est tombée. Ce sera le lundi 14 avril 2014 à 13h30 à la Cour d’Appel de Lyon.

Lettre du 26 sept / Sequedin

Ci-dessous un extrait de courrier une semaine après le procès :

Séquedin, jeudi 26 septembre 2013

[…]
Après l’audience, comme à chaque fois, les gendarmes sont un peu dépités de s’être fait prendre au jeu de ma prétendue dangerosité. Alors, ils sont plus cool : plus de menottage systématique, pause clope, tutoiement respectueux…pour se différencier de leurs collègues précédents. Là, dans la cours ou on clopait avant de remonter dans le fourgon sans pot d’échappement [?], l’un d’eux m’a dit : « tu sais, je vais bientôt venir te voir au parloir : B. a déposé plainte pour diffamation… ». Ça explique le délire de son baveux sur ma manipulation par les méchants anars pas polis qui domicilient leurs sites à l’étranger…
Mais l’acharnement ne s’arrête pas là. Demain je passe au prétoire pour 4 CRI (Comptes Rendus d’Incident) chopé à mon arrivée ici pour des revendications qui ont abouties après la grève de la faim.
Je risque à nouveau 30 jours, 2 mois plus tard. Heureusement mon avocat a dit qu’il serait là pour m’assister.
Tu crois que là ça suffit ? Petit joueur ! J’ai aussi vu la semaine dernière un maton enquêteur pour le CRI rédigé le 25 juillet à Bapaume à propos de la « prise d’otage ».
Je suis à peu près sure que c’est illégal de passer à Séquedin en commission de discipline sur ça, le prétoire n’étant qu’une mesure interne et disciplinaire, pas un jugement. J’espère que mon avocat pourra le démontrer.
Mais c’est toujours pas fini ! En lisant ce dossier disciplinaire, j’ai vu une lettre de la direction de Bapaume au parquet, à la DI, au JAP et à la gendarmerie à propos de cette « prise d’otage » et d’une matonne qui a été blessée par ses collègues lors de ma réintégration de cellule. Pour l’instant, je n’ai pas vu les gendarmes à ce sujet, mais ça m’étonnerai que ça soit classé sans suite. La procureur y avait d’ailleurs fait allusion à l’audience du 19 septembre (…).
Pour faire bonne mesure, on peut y ajouter une plainte déposée par les matons de Séquedin le 31 juillet, alors qu’ils me tapaient sur la gueule. Là aussi deux d’entre eux ont été blessés dans la [mêlée], dont un assez gravement au genou (évacuation par les pompiers). Pour ça, j’ai vu un expert psy (encore un !) le 17 août (un samedi !), mais avant même d’avoir vu les gendarmes. Depuis je demande en vain des infos au greffe.
Voila la démonstration est faite : l’AP fabrique du récidiviste. Voila comment la provo de B. amène à 30 jours, qui amènent à 30 jours, qui en ramènent eux même à 30 jours. A ça, il faut ajouter un procès qui en amène un autre et deux autres encore par les mêmes plaignants. Bien sur il ne faut pas oublier d’ajouter les CRP [Crédits de Réduction de Peine] qui vont faire sauter les prochains aménagements de peine. Du grand art ! Je suis moi même époustouflée par cet acharnement : il n’y a vraiment rien qui les arrête puisque, malheureusement, le ridicule ne tue pas !

Christine

Le procès d’Arras ( 19 sept 2013)

Le 19 septembre Christine été jugée par le tribunal d’ Arras pour des faits survenus au Centre de Détention (CD) de Bapaume : refus de donner ses empreintes ; « violences » pour s’être débattue sous les coups des matons ; « menaces » pour avoir crié à un mastodonte qu’elle allait lui péter la gueule ; « dégradations » pour avoir gravé sur les murs de la cour « Mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons ! » et foutu le feu dans les différentes cellules dans lesquelles elle est passée.

Connaissant les longues plaidoiries de Christine qui avait été entendue sur les mêmes faits le 4 juillet, le juge a bien préparé et orchestré ce procès, à coup d’infantilisations et d’humiliations.

« Ce procès ne sera pas une tribune pour vous Mme Ribailly » annonce le Juge ; pas de contextualisation, à peine le droit à la parole, Christine doit répondre par « oui ou non » aux questions tendues telles des pièges par un président de séance qui a déjà pris le parti de sa culpabilité. En effet, la séance s’ouvre sur cette considération du juge : le parcours judiciaire de la prévenue montrerait qu’elle n’est « animée dans la vie que par son désir de se rebeller contre l’autorité des institutions ».
Main dans la main, le juge et l’avocat de l’Administration Pénitentiaire (AP) s’attellent donc à redorer le travail « difficile et courageux » des matons, réaffirmer leur autorité et notre devoir d’obéissance. Le juge lit le rapport d’un expert psy qui, après avoir dépeint le comportement de Christine comme paranoïaque, conseille de la poursuivre pénalement et qu’elle soit sanctionnée pour « ponctuer son parcours et qu’elle devienne actrice de sa vie ».

Résistant quotidiennement à ce qu’elle nomme les abus de pouvoir, faisant toujours valoir ses droits, Christine s’est retrouvée une fois de plus face un mur. Face à Christine la Justice ne s’est pas même encombrée des apparats de l’équité, trop soucieuse de réaffirmer l’autorité de l’État et ses chiens de garde dont elle fait partie.
Ironisant sur la « chance » du prévenu d’avoir toujours le dernier mot, le juge a donc mené à la baguette son interrogatoire : « Pensez-vous que votre attitude contribue à apaiser la situation ? Répondez par oui ou par non ? ». « Ne pouvez-vous pas passer comme les autres votre détention…tranquille ?! » dira l’avocat de l’AP.
Tranquille ?! L’audience en tout cas ne l’était pas. La tension était palpable dans la salle, qui comptait une vingtaine de copains et camarades venus soutenir Christine, et une dizaine de matons (dont Mickaël B.) et la dirlo de Bapaume venus soutenir leurs collègues.

Tandis que la Procureur réclame la peine plancher, 1 an de prison ferme supplémentaire pour Christine, son avocat plaide, une heure durant, sa relaxe. Il met notamment en avant la violence institutionnelle en dépeignant la réalité des conditions carcérales, démontrant que structurellement c’est le système carcéral qui crée la violence à l’intérieur de ses propre murs.

Délibéré rendu le 21 novembre.

Aujourd’hui Christine est de nouveau au mitard pour 30 jours et devrait être transférée au Centre de Détention de Réau (région parisienne) dans le courant du mois d’octobre.

 

Jeudi 26 novembre, le délibéré est tombé. Le tribunal a suivi de près le parquet en donnant 1 an ferme dont 6 mois en sursis mise à l’épreuve, il ajoute également une amende de plusieurs centaines d’euros pour dommages et intérêts aux matons qui avaient porté plainte après avoir cogné Christine (200€ pour Bocquet, 300€ pour Coret et encore 200€ pour un troisième). Les conditions du sursis mise à l’épreuve sont l’obligation d’indemniser les « victimes » et une obligation de travail.

Beau chantage, arrondir une fin de mois à la matonnerie ou prendre 6 mois de plus !

Sans surprise la justice a défendu ses chiens de garde et rallongé considérablement le peine de Christine. Avec cette nouvelle peine son hypothétique date de libération passe à fin 2015. À cela s’ajoutera encore un procès en appel à Lyon dont il manque toujours la date.

Aujourd’hui et depuis mi-octobre, Christine est incarcérée au CD de Réau en banlieue parisienne. Elle est toujours en régime « portes fermées » [1] mais a pour l’instant à peu près évité la case mitard/isolement. Elle est donc de nouveau en contact avec d’autres détenues. Ce qui n’était plus le cas depuis le mois de juillet (enchaînement de mitard/isolement à Bapaume puis à Séquedin).